- jean poulet -
Regiment de la Chaudière
Canada
Jean Poulet, soldat du Régiment de la Chaudière, est au cœur de notre association « Son Histoire, mes émotions », créée il y a 3 ans et désormais bien installée dans le paysage boulonnais.
Notre mission principale est la transmission du devoir de mémoire, une raison d'être qui se reflète dans nos nombreuses activités.
Engagé volontaire en 1942 au Canada, Jean Poulet débarqua à Juno-Beach quelques jours après le 6 juin 1944 avec les renforts du Régiment de la Chaudière. Il participa à la sanglante bataille pour la libération de Caen, à la bataille de Normandie, puis à la poursuite de l'armée allemande en retraite jusqu'à Carentan et Falaise. Sa compagnie entreprit ensuite la longue remontée libératrice le long de nos côtes vers Dieppe, Boulogne, et Calais.
Le 17 septembre 1944, lors du grand assaut pour libérer Boulogne, il donna son dernier combat dans la vallée du Denacre à Wimille. Jean Poulet repose désormais au cimetière canadien de Saint- Inglevert.
Touchée par son histoire, notre association est en contact depuis plus d'un an avec la famille de Jean Poulet au Canada. Nous préparons leur venue en septembre prochain à Boulogne, sur les lieux mêmes où ce jeune soldat de 28 ans a donné sa vie pour notre liberté.
Tous les membres de notre association sont mobilisés pour mettre au point ce pèlerinage et pour travailler sur l'histoire méconnue de ce soldat. Cette histoire sera présentée au public lors des cérémonies commémoratives de la libération de Boulogne.
Notre importante activité parle pour nous : expositions sur les parachutistes du D Day, sur la libération de Boulogne, sur l'occupation à Marquise, escape-games pour les élèves de 3ème, conférences à l'Université Tout Age sur les Canadiens libérateurs de Boulogne, et participations aux journées de commémoration comme celles de 2024 à Juno-Beach et « Faire revivre l'Histoire » à Courset, Desvres, Etaples, et Le Touquet Paris Plage.
La satisfaction principale de notre association réside dans les remerciements du public, toujours étonné puis passionné et reconnaissant de la qualité de nos interventions. Grâce aux réseaux sociaux, notre travail de devoir de mémoire a traversé les frontières.
Nous sommes entièrement mobilisés pour que l'hommage rendu à Jean Poulet soit à la hauteur de son sacrifice.
** Son Histoire, mes émotions **
vous invite à vivre, à travers des articles à parution hebdomadaire, l'épopée du soldat Jean Poulet du Régiment de la Chaudière, depuis le débarquement à Juno Beach jusqu'à la libération de Boulogne-sur-Mer le 17 septembre 1944.
- 1- Le Régiment de la Chaudière
Le Régiment de la Chaudière a suscité l'étonnement dès son arrivée en France :
« Voilà des Anglais qui parlent français ! »
Originaire de la province francophone du Québec, ce régiment tire son nom de la rivière « La Chaudière », près de laquelle il était basé à Beauceville.
Mobilisé dès le 1er septembre 1939, ce n'est que le 6 juin 1944, sous le commandement du colonel Paul Mathieu, qu'il entre en action lors du débarquement à Juno Beach.
Faisant partie de la « seconde vague » derrière les soldats du Queen's Own Rifles of Canada, le Régiment de la Chaudière joue un rôle crucial dans cette opération historique.
Parmi ces hommes, Jean Poulet, engagé volontaire en 1942 en tant que fusilier, rejoint le régiment après une formation intense au Canada et en Angleterre. Ce n'est qu'à la mi-juillet 1944 qu'il met enfin pied en France, prêt à participer à la libération de l'Europe.
(A suivre …)
** Son Histoire, mes émotions **
Pas à pas : le soldat Jean Poulet du régiment de la Chaudière
- 2 - Un jeune homme bien tranquille.
Né à Montréal le 29 mai 1916, Jean Poulet est le septième enfant d’une grande famille de neuf.
Après avoir terminé ses études secondaires, il travaille comme « repasseur » dans une blanchisserie de sa ville natale tout en continuant à vivre chez ses parents, Emilia et Albert.
Jean a deux passions : sa famille très unie et la chanson française. Pourtant, derrière son apparence tranquille de jeune homme célibataire, se cache une détermination insoupçonnée.
Le 26 juin 1942, il décide en effet de s’engager dans l’armée canadienne, répondant ainsi à l’appel de la Loi sur la Mobilisation des Ressources Nationales (LMRN).
Suite à son engagement, il va suivre pendant deux ans un entraînement militaire intensif au Québec, où 39 camps de formation d’entraînement avaient été ouverts à l’automne 1940. Il fréquente ainsi successivement le centre d’instruction élémentaire n°45 à Sorel, le centre d’instruction de l’infanterie A12 à Farnham, l’école canadienne des chefs subalternes S6 à Mégantic, et le centre d’instruction de l’infanterie A13 à Valcartier, avant de parfaire son instruction en Nouvelle-Écosse et en Colombie-Britannique.
L'entrainement est sévère: on y apprend à devenir soldat.
Dès 6 heures du matin, le clairon rassemble les hommes pour la revue de détail puis l'instruction qui dure toute la matinée : parades, cours théoriques, exercices pratiques, séances de tirs...
Déjeuner rapide puis à nouveau l'instruction jusque 18 heures. Enfin un peu de temps libre avant l'extinction des feux à 22 heures.
A ses examens, Jean Poulet se révèle être un soldat sérieux et appliqué. Il obtient 753 points sur 1000.
Les camps sont austères, gigantesques : on y trouve des baraques pour le logement spartiate des soldats, mais aussi des restaurants, classes, garages, chapelle, infirmerie et même une « gaz house », utilisée pour l'entraînement aux gaz : munis d'un masque, les soldats devaient demeurer à l'intérieur de la baraque jusqu'à ce que l'écusson de leur uniforme change de couleur, signifiant la présence de gaz toxique.
La bibliothèque et le terrain de sport où se pratique le hockey et le base-ball occupent les rares moments de détente. Les camps sont placés sous l'autorité de la police militaire.
Ainsi formé, le 14 avril 1944, Jean embarque pour l'Angleterre au sein du Régiment de la Chaudière, matricule D 157678.
Avant de partir, il obtient une permission pour dire au revoir à sa famille à Montréal.
Sans le savoir, ce sera un adieu définitif.
A suivre ...
** Son Histoire, mes émotions **
Pas à Pas le soldat Jean Poulet du régiment de la Chaudière
- 3 - Bataille de Caen - l'épreuve du feu
Jean Poulet rejoint les premières lignes de son régiment à la mi-juillet 1944. Nous sommes alors en pleine bataille pour la libération de Caen où les allemands résistent depuis plus d'un mois aux assauts alliés.
Le 18 juillet, Jean Poulet et sa compagnie attaquent les installations métallurgiques de Colombelles. Malgré un soutien massif des bombardiers (400) et de de l'artillerie lourde, l'opposition allemande est forte. C'est un échec pour les canadiens: 42 hommes sont tués.
Relevé alors par le 8ème Canadian Recce Regiment de la 2eme division canadienne, la Chaudière se replis et prend position à Soliers au sud de l'agglomération où le régiment va subir 10 jours de bombardements intensifs artillerie et mortiers de la part des
allemands qui entament leur retraite et lâchent prise, non sans se défendre avec l'énergie du désespoir. Les combats se dérouleront maison par maison.
Le 31 juillet le régiment quitte Soliers pour Basly, position arrière entre Courcelles sur mer et Caen. Le repos est bien mérité.
A suivre ...
Pas à pas le soldat Jean Poulet du régiment de la Chaudière
- 4- le courrier du soldat
Loin de sa famille. Loin des siens. A Montréal on s'inquiète. A Basly, a quelques kilomètres de la côte normande du débarquement où se trouve le soldat Jean Poulet, on pense au pays.
Jean Poulet écrit. Il écrit beaucoup et on lui écrit beaucoup. Il recevra jusqu'à 8 lettres par jour, qui mettront parfois plusieurs semaines à la parvenir. Ecrire et lire les lettres reçues est le passe-temps favori du soldat au repos.
Contrairement aux américains qui sont restreint dans leur expression par un formulaire quasi pré-rempli et très court (les VMail), les canadiens et Jean Poulet peuvent écrire de longues lettres. Ce n'est pas pour autant qu'elles contiennent plus de nouvelles: la censure veille, intraitable, pour empêcher que des remarques utiles ne tombent aux mains de l'ennemi: Interdiction de parler du déplacement des troupes, des équipements en armes, de l'état de préparation des unités, des effectifs, des plans d'opération, des pertes... bref tout ce qui strictement militaire est interdit. En revanche, il est conseillé d'écrire que le moral est bon, que la victoire est en vue.
Lettre de Jean Poulet à son frère aîné Fernand du 13 septembre 1944- Souverain Moulin: avec la victoire presque déjà à la portée de notre main, c'est le temps plus que jamais d'espérer... je suis content de savoir que toi et ta famille avez passé d'heureuse vacances... Il se fait tard, je dois cesser mon bavardage, je te reviendrai sûrement bientôt..»
La veille de sa mort, Jean Poulet enverra comme tous les jours une nouvelle Lettre à sa mère. Nouvelles réconfortantes pour la famille. Sentiment de ne pas être oublié pour le soldat.
Lettre de Jean Poulet à sa mère 16 septembre 1944-Wimille Bonjour chère maman. Toujours satisfait de recevoir vos charmantes lettres, il m'est d'autant plus agréable de les recevoir en grand nombre...chacune de vos lettres me rapproche beaucoup de vous et c'est avec impatience que j'attends la prochaine.... »
A suivre ...
Pas à pas le soldat Jean Poulet du régiment de la Chaudière
– 5 – le repos du soldat
Après la difficile libération de Caen, Jean Poulet et le régiment de Chaudière est mis au repos tout près de Bernières sur mer, du 1er au 8 août 1944. Une semaine bien méritée, pour panser les plaies et reprendre des forces.
Au programme : douche, baignade en mer, sport. Mais aussi exercices de tir, démonstration de désamorçage de mines et surtout des parades militaires et revue de paquetage.
Le régiment en bon ordre est plusieurs fois passé en revue, salué par les hauts gradés qui le félicite pour sa bravoure au combat, histoire de maintenir le moral élevé.
Chaque jour, l'aumonier célèbre la messe, et le 5 août une pensée particulière est dédiée aux camarades tombés au combat.
Les soirées se partagent entre concerts et cinéma. Jean Poulet, passionné de chanson française se laisse ainsi aller à interpréter « J'irai revoir ma Normandie » un soir, devant un public acquis et enthousiaste.
Au cinéma, les dernières nouveautés sont proposés. Un film par soir, parfois deux :
« A night to remember » de Richard Wallace 1942 – « Money for Jam », comédie de 1939 – « Stormy Weather », film musical américain de 1943 – « The girl in overalls » …
Moments de distraction qui permettent d'oublier, ne serait-ce qu'un instant, les horreurs de la guerre qui rôdent toujours menaçantes.
Le 8 août 1944, le régiment quitte sa position de repos pour replonger dans le combat du côté de Falaise.
A la sortie de la ville de Caen libérée, sur la route qu'emprunte le régiment, une tragique erreur survient : une escadrille de bombardiers américains frappe par mégarde la banlieue sud de la ville. Plusieurs tués et blessés parmi les canadiens.
C'est de son lit d'hôpital que Jean Poulet apprendra la nouvelle. Le 6 août, pris en charge par le Royal Canadian Army Medical Corps, il est en effet transporté à l'hôpital canadien n°6 de Douvres la Délivrance puis sera transféré dans un hôpital anglais, probablement à Bayeux où se trouve le grand centre médical britannique du débarquement.
A sa mère, il écrit qu'il souffre « de quelques petites douleurs et d'une légère fatigue... » Il restera hospitalisé 2 semaines avant de rejoindre son régiment .
A suivre ...
Pas à pas, le soldat Jean Poulet du régiment de la Chaudière
- 6 - la bataille de Normandie. La poche de Falaise
Pour le régiment de la Chaudière, le temps de repos à Bernières-sur-Mer et Basly est bel et bien fini. Comment le fantassin Jean Poulet aurait-il pu écrire et décrire à sa famille les terribles combats qui vont désormais se dérouler pour la libération de la Normandie, sans créer chez eux une véritable angoisse ?
Heureusement pour lui et pour sa famille, nous savons que les premiers de ces événements il va les suivre « de loin », par la radio, la presse, les lettres de ses copains, les communiqués militaires.
Jean Poulet sera en effet hospitalisé, du 6 au 21 août 1944 pour une « forte fièvre d'origine inconnue. »
Deux jours après son hospitalisation, le 8 août le régiment de la Chaudière quitte Caen par sa banlieue sud ( Cormelles le Royal) et voyage difficilement pendant 5 jours sous les bombardements ennemis pour se rendre à Saint Aignan de Crasminil, à une quinzaine de kilomètres de Falaise, sur la ligne de front. Alors que le régiment y occupe ses positions, la RAF bombarde par erreur le secteur, y causant de nombreuses victimes parmi les soldats canadiens.
Le 13 août, le régiment demande à la division le renfort de 3 Bren Carrier Wasps, engins blindés munis de lance flamme. Les hommes prennent connaissance alors de leur mission : libérer la petite ville de Rouvres, nettoyer la vallée du Loison, petit affluent du Couesnon ( opération Tallulah).
Le lendemain l'attaque est lancée depuis une ligne de départ Soignolles- Estrées la Champagne.
La compagnie D de Jean Poulet est au centre du dispositif d'attaque, en fer de lance, assistée des 3 engins porteurs de lance flamme. Le terrain est mauvais, l'avance difficile, la riposte allemande féroce malgré les bombardements préalables par l'artillerie lourde et les bombardiers américains.
En fin d'après midi, le village de Rouvres est libéré mais se trouve pris immédiatement sous le feu de l'artillerie ennemie, causant à nouveau de nombreux blessés et morts.
Les positions de défenses sont malgré tout mises en place et le 16 août, les hommes apprennent de leur Etat Major que les alliés viennent de débarquer en Provence.
A l'hôpital militaire anglais de Bayeux, Jean Poulet termine sa convalescence et ne tardera pas à rejoindre ses camarades.
A suivre ...
Pas à pas, le soldat Jean Poulet du régiment de la Chaudière
- 7 - A la poursuite de l'ennemi
A la mi-août 1944 le régiment de Chaudière va quitter la Normandie pour remonter vers la Somme et le Pas de Calais. A Falaise, la 3ème armée allemande a été pour moitié anéantie. L'autre moitié a réussit à s'échapper de la nasse lancée autour d'elle par les alliés : américains, britanniques, canadiens, polonais grâce à un étroit couloir que l'Histoire nommera « le couloir de la mort »....
C'est à Orbec que Jean Poulet, une fois guéri, rejoint son régiment qui s'apprête à franchir la Seine à Elbeuf le 30 août 1944.
L'ennemi est en fuite, quittant un par un les villages jusqu'alors occupés. Sur leurs talons, le régiment de la Chaudière est ralentit dans sa progression par des populations en liesse : Brionne, Vimoutiers, Feuguerolles La Haye du Thiel...
Le 1er septembre, Jean Poulet est à Neufchâtel en Bray. Et puis très vite, le 5 septembre à Samer et Desvres, libérés sans combats puisque les allemands en sont partis de la veille.
Ce n'est pourtant pas une promenade de santé, même si elle se fait cette fois en camions pour transporter les troupes...un vrai confort.
Dans tous les villages, les canadiens sont accueillis à grand renfort de fleurs, de vins, de baisers...4 ans d'occupation s'effacent d'un coup devant « ces anglais qui parlent français » !
Mais plus on approche de Boulogne, plus la vigilance est de mise. Du 6 au 10 septembre, des patrouilles sont envoyées systématiquement pour reconnaître les positions ennemies.
La forêt de La Capelle et de Boulogne offrent une bonne protection contre les tirs incessants des canons allemands depuis leurs blockhaus bien retranchés sur les hauteurs qui entourent Boulogne.
Le 10 septembre, le régiment de la Chaudière établit ses quartiers à Souverain Moulin.
Le fantassin Jean Poulet distrait ses camarades. Il aime chanter. Il aime les chansons françaises. Comme il l'écrit alors à sa mère, il rencontre un franc succès en interprétant « j'irai revoir ma Normandie » et « la Marseillaise ». Le moral est au plus haut en attendant l'attaque décisive.
A suivre ...
Pas à pas, le soldat Jean Poulet du régiment de la Chaudière
- 8 - En vue de Boulogne sur mer
Souverain moulin, le château. C'est là que le 10 septembre 1944 le régiment de la Chaudière établit son Quartier Général, en lieu et place de celui de la Kriegsmarine qui a déserté les lieux.
Dès ce jour, la moitié du régiment est « au devoir » c'est à dire en état d'alerte car l'on craint une contre attaque allemande. Boulogne sur mer est totalement encerclé.
Les raids aériens se multiplient, tous les jours, américains ou anglais sur les positions défensives ennemies : fort de la Crèche, trésorerie, Mont Lambert. Les soldats du régiment voient cette fois avec plaisir passer au dessus de leur tête les larges vagues de bombardiers lourds ou mediums partis décharger leurs cargaisons de fer et de feu sur l'ennemi et non plus sur eux, par erreur, comme ce fut trop souvent le cas.
À 15h30 le 11 septembre, Jean Poulet et tous ses camarades de la compagnie sont convoqués à la salle de conférence du bataillon. Là, leur commandant, le capitaine gauvin leur explique la situation, l'organisation ennemie, et les moyens à prendre pour détruire ou capturer la garnison de la ville forte de 10.000 hommes.
Chaque jour des patrouilles partent en reconnaissance pour établir plus finement encore de nouveaux plans d'attaque que l'on sait proche.
Le 16 septembre à 16 heures, le régiment a la confirmation que l'assaut sera pour le lendemain. Une dernière patrouille de reconnaissance est en effet envoyée pour déterminer précisément la ligne de départ de la prochaine attaque.
Pour se rassurer, les soldats se remémore les plus belles scènes du film qu'ils ont vus quelques jours plus tôt : « les révoltés du Bounty" avec Clark GABLE.
A suivre ...
Pas à pas, le soldat Jean Poulet du régiment de la Chaudière
- 9 - Face au destin
L'attaque générale sur Boulogne débute au petit matin du 17 septembre 1944 par un bombardement aérien massif des points forts de la défense allemande, prolongé par les tirs nourris de l'artillerie lourde.
9h30, c'est l'heure pour les fantassins du régiment de la Chaudière d'entrer en scène. Premier objectif de la journée : Rupembert et sa station radar qui tombe intacte entre les mains des canadiens une heure plus tard. Prise de guerre inédite. 60 prisonniers allemands.
A midi, le deuxième objectif après Rupembert c'est la butte dominant la vallée du Denacre et la route principale menant à Boulogne, objectif de la compagnie D, celle de Jean Poulet, menée au combat par le capitaine Gauvin. En pointe de la compagnie, le peloton dirigé par le lieutenant Lalande.
Le Denacre, petite rivière très encaissée est franchi. Les soldats doivent traverser un champ de mines antipersonnelles. 7 hommes sont touchés. Autour d'un poste de mitrailleuse Bren et armés de grenades, les allemands font front. L'échange est vif : 10 allemands tués. 50 prisonniers.
Les obstacles sur la route sont déblayés, les mines neutralisées.
La compagnie D passe maintenant au travers du bois du Denacre tandis que les tirs d'artillerie allemands pleuvent sur elle et sur Gogincthun, Olincthun et Rupembert.
Vers 16 heures, la compagnie D prend position à Denacre . Elle a fait une soixantaine de prisonniers. Les compagnies A et B continuent d'avancer lentement jusqu'à la nuit avec le support des chars d'assaut.
Le prochain objectif pour le lendemain, sera la colonne de la Grande Armée.
Jean Poulet n'y prendra pas part. Tué au combat dans la vallée du Denacre, il a rencontré son destin.
A suivre ...
Pas à pas, le soldat Jean Poulet du régiment de la Chaudière
- 10 - Epilogue
Pas à pas, le soldat Jean Poulet du régiment de la Chaudière
10- Epilogue
Jean Poulet a été tué face à l'ennemi le 17 septembre 1944 durant la première journée de l'assaut final pour libérer Boulogne sur mer. Il avait 28 ans.
Il fut hâtivement enterré au lieu dit l'Espagnerie, sur les lieux mêmes de son décès comme on le faisait chaque fois que le combat en cours empêchait de célébrer de meilleures obsèques. Une croix pour marquer l'emplacement, et les troupes repartaient au feu. Il fut enterré dans cette prairie avec d'autres camarades fauchés comme lui par les tirs ennemis. Probablement fut-il ensuite enterré dans un cimetière provisoire avec d'autres camarades, comme cela se pratiquait alors, en attendant une inhumation définitive, mais nous ignorons où pour le moment.
Il faudra attendre le 14 janvier 1947 pour que l'on exhume ces généreux soldats et que leurs restes soient transférés au nouveau cimetière canadien de Saint Inglevert. Jean Poulet repose désormais au milieu de tous ses camarades morts au combat à Boulogne , Calais et les environs, y compris les aviateurs abattus entre 1940 et 1944.
On trouvera sa pierre tombale parcelle 6, rangée 5, tombe 8.
Sur les 729 tombes regroupées dans ce lieu de mémoire, 594 sont canadiennes, 103 britanniques,5 australiennes,6 tchèques,19 polonaises et 2 non identifiées.
A titre posthume, Jean Poulet sera honoré de 4 médailles canadiennes :
l'étoile de 1939-1945
l'étoile France Allemagne
La médaille de guerre
La médaille du service volontaire avec barrette
1.159.000 hommes et femmes ont été engagées dans les forces armées canadiennes durant la seconde guerre mondiale
42.042 soldats ont été tués
54.414 soldats ont été blessés
(sources : musée de la guerre du canada)
Notre association « Son Histoire, mes émotions » est fière de participer au devoir de mémoire en ayant présenté ici le parcours de ce soldat canadien, Jean Poulet du régiment de la Chaudière, mort pour la France lors des combats pour la libération de Boulogne sur mer.